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Des humeurs et des jours

Anachroniques contemporaines

Apprivoisement des vertiges

Avec l’été 68 s’essoufflait le mois de mai…
J’ai dix-huit ans et c’est un considérable étonnement. En quelques semaines, me voilà passé du sage lycéen cloîtré dans un internat de garçons au statut d’inventeur d’un monde nouveau. Mais, on s’habitue très vite au vertige.
Je ne le sais pas encore, mais j’ai tellement de comptes à solder !
D’abord avec la France. Je crois la France glorieuse (roman de la Libération) ; les guerres d’Indochine et d’Algérie l’ont rendue honteuse, odieuse, sanguinaire…
Avec le gaullisme ensuite – de Gaulle surtout, vieillard impressionnant et encombrant qui obture mon horizon … Comment faire accepter à un môme qui croit l’avenir radieux que demain ressemblera à aujourd’hui ? Le conservatisme moral et politique provoque en écho des pulsions libertaires et des tentations dogmatiques – mais, le sais-je ?
Avec l’Europe aussi : je partage ce rêve évident et facile d’un tocsin définitivement muet avec les autres du même âge en Allemagne, en Italie… Il a fallu le Printemps de Prague pour nous rappeler que c’était un rêve tragique.
Avec l’URSS encore, qui semble être là pour mille ans et beaucoup, aveugles et sourds, s’en accommodent, jusqu’à la lâcheté.
Avec les filles toujours : faire l’amour est tellement dangereux ! Elles me le font savoir ; elles serrent les jambes en me souriant. Viennent alors des revendications – dérisoires parfois – que nous portons avec ardeur ensemble : la mixité comme règle, la contraception comme délivrance et le féminisme comme horizon politique.
Avec l’art enfin : je suis Rimbaud, je suis Woodstock. Il y a urgence à vivre. J’ai déjà dix-huit ans !
 

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