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Des humeurs et des jours

Anachroniques contemporaines

Le sot périlleux

Billet paru dans Presselib aujourd'hui

Mais quelle mouche a piqué Boris Johnson pour tenir une telle déclaration : « Si Poutine était une femme, ce qu'il n'est pas, bien évidemment, vraiment je ne pense pas qu'il se serait embarqué dans cette guerre folle de macho visant à l'invasion de l'Ukraine. Le déclenchement de cette guerre par la Russie est un exemple parfait de toxicité masculine ».
En la matière, cet homme politique a usé sans vergogne de deux facilités intellectuelles qui sont autant de défaites de l’esprit: l’uchromie et le différentialisme.

L'uchronie est une évocation imaginaire dans le temps. C'est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé. On utilise également l’expression « histoire alternative » ou « histoire contrefactuelle ». L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante qu’il modifie arbitrairement pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles sur le cours de l’Histoire. L’uchromie est donc une spéculation vaine.

Le différentialisme, sur la question du féminisme, revient à un essentialisme, puisqu'il insiste sur des différences de nature (d'essence) entre hommes et femmes.
Margaret Mead tente de faire entendre raison :
« Si certaines attitudes que nous considérons comme traditionnellement associées au tempérament féminin – telles que la passivité, la sensibilité, l'amour des enfants – peuvent être typiques des hommes d'une certaine tribu, et, dans une autre, au contraire, être rejetées par la majorité des hommes comme des femmes, nous n'avons plus aucune raison de croire qu'elles sont irrévocablement déterminées par le sexe de l'individu. Il est maintenant permis d'affirmer que les traits de caractère que nous qualifions de masculins ou de féminins sont, pour un grand nombre d'entre eux, sinon en totalité, déterminés par le sexe d'une façon aussi superficielle que le sont les vêtements, les manières ou la coiffure qu'une époque assigne à l'un ou à l'autre sexe. » (1)
Et Madeleine Pelletier en remet une couche :
« En général, la femme est meilleure que l’homme, moins portée que lui aux actes criminels ou simplement immoraux, mais cela tient à sa situation spéciale et en dehors de la lutte. Dès que l'égalité sexuelle sera conquise, la femme, au combat de la vie, contractera dureté de cœur, apanage jusqu'ici de l'autre sexe. Frappée, elle frappera ; blessée, elle blessera ; spoliée, elle spoliera. » (2)

Voilà qui devrait rappeler à Bojo que, dans son propre camp, au même poste que le sien (avant sa piteuse démission), il y avait une femme – dure, inflexible, sans bienveillance, qui portait sur son inconscience la mort de plusieurs milliers de marins dans les eaux des Malouines et de grévistes de la faim dans les prisons du royaume – Elle s’appelait Madame Thatcher.

Et pour finir de clouer le bec à ce clown hâbleur, menteur, dangereux et ridicule, on peut convoquer Jean Giono et sa supposition poétique et vertigineuse : « Que serions-nous devenus si Marie, dans la crèche, avait mis au monde une fille… ou bien des quintuplés ? »

(1) Margaret Mead, Mœurs et sexualité en Océanie, Plon, 1963
(2) Madeleine Pelletier, La tactique féministe, La Revue Socialiste, 1908
 

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