Anachroniques contemporaines
Les soirs d’été, lorsqu’arrivait le serein, les femmes des gendarmes se retrouvaient dans la cour de la caserne. Chacune apportait sa chaise qu’elle calait contre le mur de la grande bâtisse, et là, à peine assises, elles se mettaient à parler, d’abord...
Pau, dimanche 23 février. Boulevard des Pyrénées. Journée lumineuse et chaude. Le printemps fait la nique à l’hiver. Les hommes sont habillés très « sportwear » ; les femmes, épaules nues, ont des jupes légères qu’elles retroussent un peu pour laisser...
J’aime laisser traîner mes oreilles dans les bistrots pour cueillir des échos de conversations qui racontent des morceaux de vie, sans trop de censure, ni dans les mots, ni dans les opinions… Ces bruits de terrasse ont un équivalent en version écrite...
La langue de l’instinct est le parler d’enfance. C’est lui qui surgit dans la peur, la colère, l’extase ou la détresse… C’est la langue des cris, des gémissements, des chuchotements. Quand ça va mal, très mal, chacun appelle sa mère dans sa langue initiale....
La conversation d’aujourd’hui avec X me laisse perplexe. On s’est dit tant de choses… Est-ce de l’amitié entre nous ? Amitié : mot si commun et sentiment si rare. Il me faut un long moment de réflexion avant que ne surgisse une évidence. L’amitié ne se...
Sur le chemin de mon village natal, je surveille la nature qui s’anime. Bourgeons audacieux, feuilles encore latentes, les arbres se colorent craintivement… Dans les champs qui m’entourent, viennent les premiers labours de printemps… Ils révèlent la terre...
La démocratie est un exercice d’équilibre entre pouvoir de la majorité et droits des minorités. La majorité est légalement apte à prendre des décisions au nom de tous. La minorité est légitimement en capacité de les contester : grèves, manifestations,...
Malaise et fascination hier soir, au jour 6 de mon absolu confinement… Parfois il y a la télé que je regarde d’un œil distrait, puis parfois vient la magie d’une image et l’aimantation… Quel putain de film que celui-là ! Aimanté j’ai été. Malaise parce...
Eh bien ! Nous voilà réduits d’un coup, d’un seul, à l’état d’apprentis robinsons. De minuscules robinsons. Des millions de robinsons, des robinsons de pacotille en vérité, mais des robinsons tout de même, avec leurs lot de saisissements, d’inquiétudes...
J’en ai connu des colères : des vrais, des méchantes, de saintes… certaines étaient même bleues, noires, vaines ou salutaires… Mais la colère qui m’habite aujourd’hui n’est pas de celles-là, elle est d’un autre acabit et m’abandonne au découragement tellement...
Bloquée dans son deux pièces-cuisine, Myrtille éprouve un soulagement inattendu. Le confinement a étouffé en elle un peu de cette méfiance instinctive devant l’inattendu qui l’habitait avant. Elle avait décidé, dès le discours présidentiel et la guerre...
Je ne peux me complaire à me réfugier hors du monde et contempler de là tous les autres… Je me lasse très vite de voir défiler sur mon écran continûment les mêmes images. On dirait un manège de foire qui tourne, tourne, tourne sans aucun contrôle. Je...
Comme nous, Myrtille est confinée, mais comme pour nous le confinement de Myrtille est une solitude approximative. Observons-là… Myrtille ressemble à une musaraigne. Museau pointu, œil noir et vif, corps petit et souple, agité de soubresauts qui ne cessent...
Myrtille, toujours cloîtrée dans son antre de musaraigne, reçut de l’un de ses « amis » numériques ce message qui l’épouvanta : « Une fois tous les 100 ans, la Terre est nettoyée. C’est une coïncidence ? Il existe une théorie selon laquelle, tous les...
(Éditorial de la lettre n° 41 de Mélomania) NOUS AVONS LE TEMPS… En ces temps de confinement, nous pouvons nous payer sans compter de sublimes solitudes, des heures et des heures d’ennui, de grands esseulements meublés d’infinies paresses et de très avouables...
Arthur se dit in petto : « Les murs de ma cellule de confinement presque volontaire sont mon unique paysage. Ils perdent au fil des jours (et des nuits surtout) leur vertu mécanique d’opacité pour présenter à mon esprit en jachère un miroir déformant...
Lo Peyo que s’abeyè… Pierrot s’ennuie… Non, non, les jours confinés ne sont pas longs pour Peyo, mais ils sont fades. Fades comme une gabure en panne de trébuc. Il leur manque ce petit quelque chose, ce presque rien qui en construit la saveur nécessaire....
Hannah me confie : « J’ai, aussi loin qu’il m’en souvienne, entretenu avec mon corps des rapports de mauvais voisinage. Je l’aimais peu, je l’ignorais souvent, et il me le rendait bien. Les jours de bouderie, je le considérais comme un véhicule nécessaire,...
On pourrait croire le septième ciel tant ils étaient fraîchement amoureux. Mais, ces Adam et Ève là, leur septième ciel, c’est le septième étage de l’un des encombrants barreaux d’immeubles qui cernent la friche Laherrère. Les voilà désormais confinés...
Place de la Hourquie à Morlaàs. Tous les vendredis c’est marché aux bestiaux. Yan, même s’il n’a ni bœuf, ni veau, ni vache, ni cochon, ni agneau à vendre (ce qui arrive rarement) y va quand même. C’est que le rendez-vous avec les copains, à la fin du...
Une fréquentation décuplée en dix ans … C’est évidemment un argument, mais les chiffres dissimulent l’essentiel. L’enjeu et le développement de l’itinérance sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle n’a surpris que ceux qui n’ont pas voulu voir...
J’ai retrouvé, au hasard du nettoyage improvisé d’un tiroir que j’avais perdu l’habitude d’ouvrir, une feuille pliée en quatre. J’ai reconnu le texte du discours d’hommage que j’avais fait à la cérémonie de crémation de Nicolas, un de mes collègues du...
Sommes-nous en train de nous vacciner contre la trépidance, cette maladie sournoise des temps modernes qui fait que nous nous agitons sans cesse et qui nous isole des autres et du monde ? Nous nous appliquons, inconsciemment et involontairement, une thérapeutique...
Matutini erunt Ils seront matinaux Ma très douce Ofélie L’air sera glacé La brume épaisse Le soleil secret et dolent Ils monteront tous en troupe Silencieux et sévères Casquettés – bottés – emmitouflés La musette gonflée Là-haut sur la pantière A l’espère...
Ces jours-ci - quelle surprise ! - j’ai le temps. Alors, je lis. Mes lectures sont multiples, souvent aléatoires (la main prend un livre au hasard sur une étagère) et se font à saut de puce. Je fais comme les abeilles de Montaigne : « Elles pillotent...
