Juillet 2017 : mort de Pierre Henry (les journaux) Septembre 1967 : Alhambra de Bordeaux. Je suis couché à même le sol au milieu de beaucoup d'autres couchés comme moi dans l'obscurité. Un homme, replié sur lui-même, est sur un ring placé au centre de...
Revu "Le ruban blanc" de Michael Haneke. Retrouvé mes notes écrites à l'époque dès la fin du film : "La correspondance n'est pas évidente entre ce village allemand de 1913 où tout est austère - paysages, maisons, lumière et, par dessus tout, les hommes,...
Sur scènes, les "Poupées gonflées" sont toutes de pois vêtues. A la terrasse de l'Aragon, Valérie me met au défi : "Fais-moi un quatrain en alexandrins sur les pois." Alors, j'ai obéi... Acrostichapois ou le quatrain chatouilleux Peux-tu Lolita me blottir...
Voici comment se font les choses parfois, sans que l’on décide vraiment, en se laissant aller, en rebondissant d’une circonstance à une autre, un peu comme une boule de billard … Il y a de cela plusieurs années, le maire de Cadillon, en Béarn, me montre...
Cher Institut, Tu m'as invité à ton anniversaire. Merci, merci ! Je viendrai. J’ai un aveu à te faire, une confession, une confidence, un soulagement de conscience si tu préfères… Bon, un demi-siècle a passé et je ne crains plus ta colère. Nous étions...
Information saisie au bas d’une page du magazine que je feuillette distraitement dans la salle d’attente de mon médecin : une société commercialise une promesse d’éternité par l’intermédiaire d’un flash code placé sur votre sépulture. A partir de là,...
L’enfant que j’étais est toujours là, vivant… Il me regarde d’un air tantôt étonné, tantôt boudeur, souvent souriant… Il n’y a rien d’important que je fasse sans l’interroger… Je me suis promis de ne jamais trop le décevoir… Entre moi-enfant et moi-adulte,...
Répondu par faiblesse au questionnaire de Proust revisité que m'a adressé un copain (j'aurais dû l'envoyer bouler). On y va : Le principal trait de mon caractère : le goût de la solitude. Et du silence aussi. La qualité que je préfère chez un homme :...
Je cherche en me disant que dans une œuvre – peu importe qu’elle soit bonne ou mauvaise – il y a une pulsion créatrice et, derrière cette pulsion, se loge une blessure cachée. L’art est une émotion, c’est donc une solitude. Comme on se sent seul parfois...
Croire au bonheur aujourd’hui est une pensée quasi-injurieuse tant le réel désespère. Pourtant, lorsque je m’interroge, il m’arrive de m’avouer en secret : « Tu n’es pas si malheureux … » et j’ajoute aussitôt : « mais ce n’est pas normal ». Le regard...
C'est à l'automne pourpre, à ces heures d'aube où l'on sort aux cèpes quand d'autres rentrent, yeux battus, au logis. Faut-il confesser ma faiblesse ? Je ne suis pas sérieux. Mais peut-on être sérieux quand on a soixante-huit ans et que les nuits s'étirent,...
Je voudrais prolonger à ma façon la belle chronique de Marc Bélit sur « L’homme augmenté et la nature indomptée ». Elle nous parlait d’avenir. Imaginons… Pau, septembre 2058. Il fait un temps inattendu. Une pluie teintée de rose poudré voile la ville....
L'attirance que j'éprouve me dérange. Je n'arrive pas à maîtriser ce qui me trouble dans cette femme lointaine. Sa beauté ? Il y a tant d'énigmes dans ses yeux qui jouent aux regards perdus. Ils étaient verts parait-il, mais Amedeo les peignait bleus....
Eva Zavaro est jeune. Elle est lumineuse sur scène. Pour elle, la nature n'a pas été avare dans la distribution des talents. Elle s'attaque avec un sacré toupet au concerto pour violon de Brahms... Je suis assis au deuxième rang, tout près d'elle. Bien...
Octobre 2017 : Parc Beaumont à Pau. La scène se déroule en marge d’un important colloque sur les technologies d’avenir qui se tient au Palais des Congrès. Un petit groupe d’hommes et de femmes – jeunes pour la plupart – s’accorde une pause. Loin de la...
Jour froid d'automne. Couleurs grises. Odeur de pluie insistante. Vacuité tenace. Longue errance dans cette ville aux mémoires lointaines, dont le nom semble étrange... Cette amie perdue de vue depuis tant d'années et que l'on croise au hasard d'un coin...
Cherché et trouvé dans des textes d'écrivains attentifs aux correspondances entre sensations et sentiments des noms de couleurs rares. Rimbaud bien sûr qui teinte les voyelles pour toujours : le A noir des mouches éclatantes, le E blanc des frissons d'ombrelles...
Les sentiers sont les témoins d’une civilisation qui rechigne à disparaître. Ils ne sont pas des voies de circulation, ils sont la charpente d’un paysage, la signature de la présence humaine et d’un système antique.Retrouver le chemin : la tâche semble...
Je ne veux pas vivre sans toi, il pleut trop dans ce pays ! me dit-elle...Je vais à Tarbes. J’y resterai toute la journée.Tulipe me regarde partir, assise sur le seuil de la maison, le nez relevé, le regard fixe … Dans le rétroviseur, je la vois courir...
L'automne est là. Depuis le petit arpent de terrain que j'ai acheté en haut de la colline, je regarde ce paysage fait de mollesses apaisantes et de rugosités stimulantes. Du haut d’Ayduc, on aperçoit le vol inquiet des palombes qui cherchent à travers...
C’était il y a un peu plus d’un siècle - en 1898 exactement – un dessin fit grand bruit. Son auteur, Caran d’Ache, y représentait en deux vignettes une famille bourgeoise de l’époque réunie pour le déjeuner dominical. Dans la première image, tous les...
Le paysage de mon adolescence fut un internat de lycée de garçons. J’y passai sept années. Aujourd’hui, elles me semblent légères et insouciantes. L’étaient-elles vraiment ? Il est probable que la mémoire me joue des tours. J’en ai gardé un goût prononcé...
Mama,Je sais que tu n’es plus là mais que je n’arrive pas à le croire…Et d’ailleurs, comme Papa, tu es toujours présente… devenue invisible c’est tout.Papa m’avait demandé de prendre soin de toi. Et j’ai eu ce bonheur de pouvoir t’accompagner. Jusqu’au...
Il est un peu irréel pour moi ce Noël froid et gris de 1968 passé en Algérie. J’en connais les faits principaux, mais tous les détails me fuient, tous ces détails qui donnent aux souvenirs une épaisseur, une proximité que les années n’altèrent pas. Il...
Les errances urbaines dont je suis coutumier réservent leur lot de scènes minuscules et édifiantes. Boulevard des Pyrénées : l’automne se prend pour l’été, les terrasses bourdonnent. Un couple a commandé deux cafés. Au moment de payer, l’homme sort un...