Rires et hurlements...

Il y a 71 ans, le mois de juillet était chaud en Béarn. Ce petit coin de la plaine du Pont-Long était tranquille, retiré des zones habitées, à l’abri des regards. Ce jour-là, les quelques paysans qui trainaient alentour avaient été priés de rentrer chez eux. Puis il y eut le claquement des armes automatiques. Longtemps.

Aujourd’hui, les grands chênes et le chemin creux rendent cet endroit étonnamment bucolique malgré la proximité de l’autoroute et du champ de tir de l’armée. La stèle bien entretenue est fleurie parfois.

Un éclat de rire très sonore me fait tourner la tête. Une femme, très jeune, pédale en danseuse sur son vélo tout terrain. Un homme, plus âgé, crâne chauve, court auprès d’elle. Il est habillé d’un short et d’un t-shirt aux couleurs vives ; elle porte un collant moulant. Tout en courant, il lui parle. C’est elle qui rit … Il est évident qu’il a envie de lui plaire ; il est évident aussi qu’elle n’a pas envie de résister longtemps. Ils passent sans me regarder. Le rire s’éloigne …

Derrière moi, les 57 suppliciés du Pont-Long hurlent en silence.