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Des humeurs et des jours

Anachroniques contemporaines

Nicolas...

J’ai retrouvé, au hasard du nettoyage improvisé d’un tiroir que j’avais perdu l’habitude d’ouvrir, une feuille pliée en quatre. J’ai reconnu le texte du discours d’hommage que j’avais fait à la cérémonie de crémation de Nicolas, un de mes collègues du temps du tourisme. Je me souviens que j’ai aimé lui dire ça et, huit ans après, j’ai retrouvé l’émotion de l’instant.

Nicolas,
Le mundillo du tourisme me charge de te dire que tu vas sacrément nous manquer…
Toi et le tourisme c’est une longue histoire, une histoire d’enthousiasmes, d’exigences, de remises  en question continuelles, d’explorations, d’innovations, d’expériences collectives et de travail acharné…
Nous sommes plusieurs du tourisme, ici près de toi…
Il y a ceux qui ont fait équipe avec toi, tes collègues de travail, il y a tes partenaires des offices de tourisme, il y a les professionnels, les responsables politiques… il y a aussi tous ceux qui n’ont pas pu venir mais qui sont près de toi quand même… 
Tu as aimé passionnément le tourisme…
Tu fais partie de ceux – et ils sont rares – qui savent voir que le tourisme est beaucoup plus qu’une économie, qu’il est aussi une expérience humaine. Je me souviens de ce que tu me disais : « Les valeurs que l’on donnait au tourisme dans les années 70, à l’aube de son développement industriel, restent d’actualité : favoriser la curiosité de l’autre, stimuler les échanges, faire découvrir d’autres horizons, d’autres manières d’être et de vivre… voilà des moyens efficaces pour faire reculer l’intolérance. » 
Tu as aimé passionnément cette région, sans en fixer les frontières : c’était l’Aquitaine, les Pyrénées, un peu d’Espagne aussi, mais surtout le Béarn et le Pays basque. Il m’arrivait de t’imaginer, circulant sur une petite route de Soule ou de Barétous, et poussant soudain un cri d’émerveillement parce qu’au détour d’un virage tu découvrais un paysage que, pourtant, tu connaissais par cœur. C’est le propre des vrais amoureux que de s’étonner sans cesse de ce qu’ils aiment.
Tu as aimé passionnément – et c’est peut-être moins poétique, mais tout aussi important – tu as aimé l’action publique. Travailler, donner le meilleur de soi-même, pour l’intérêt général et pas uniquement pour l’intérêt de quelques-uns, voilà une ligne de conduite qui te convenait bien.
Nicolas, toi et moi, nous nous sommes suivis depuis tellement d’années que je n’ose les compter… Une longue coopération qui, de la Soule à la Pierre-Saint-Martin s’est poursuive dans l’aventure de la Guilde du tourisme, et bien sûr au CDT.
Une coopération exigeante, ponctuée de temps à autre de quelques conversations… euh ! vigoureuses. C’était même devenu notre marque de fabrique. Tu le sais Nicolas, j’ai eu à de nombreuses reprises l’occasion de te le confier tout au long de ces années, ces accrochages,  je les aimais… 
Je les aimais, parce qu’ils étaient le signe d’un homme de volonté et de conviction,  qualités oh combien !  précieuses …
Je les aimais surtout parce qu’ils étaient fertiles. Il t’est souvent arrivé de me faire changer d’avis – et ce n’est jamais facile ! – et il m’est arrivé parfois de bousculer tes convictions – et ce n’était pas gagné d’avance ! 
Mais, il n’y avait ni vainqueur, ni vaincu… De ces discussions, je peux l’affirmer sans risque d’être contredit, il en sortait soit un projet meilleur, soit un plan d’action plus efficace.
Parmi les chantiers les plus remarquables que tu as conduits, il y a bien sûr la prise en compte très tôt de la révolution considérable que l’Internet et le numérique allaient provoquer dans le tourisme. Tu as, en la matière compris avant beaucoup d’autres et - si certains étaient septiques, d’autres ironiques, d’autres encore franchement hostiles - il faut bien considérer que c’est toi qui avais raison. Tu y as gagné un rayonnement professionnel qui dépassait très largement les limites du département et de la région.
Dans ce chantier considérable, puisque tout était à inventer, tu as eu le talent d’être à la fois :
-    L’architecte et le maçon
-    Le rêveur et le pragmatique
-    L’entraineur et le capitaine-joueur
Il y a dans les équipes deux expressions que l’on entend souvent qui sont de formidables étouffoirs à projets. La première c’est : « J’ai pas le temps ! », la seconde c’est « C’est pas possible ! » 
Voilà bien deux formules absentes de ton vocabulaire. Il faut dire que ton exceptionnelle force de travail t’aidait beaucoup : tes journées faisaient  36 heures et tes heures 120 minutes.
Voilà Nicolas, on pourrait poursuivre longtemps… Plus de 20 ans de destin commun, c’est difficile à résumer.
Nous tous, dans le mundillo du tourisme, on trouve que tu as eu ta première mauvaise idée. Celle de partir trop tôt. Tu avais tant de choses encore à apporter.
Tu sais, on a coutume de dire que la valeur d’une vie ne se mesure pas à la longueur du sillon que l’on a tracé, mais à son ampleur et à sa profondeur.
En cela Nicolas, tu es un grand homme du tourisme…
En cela Nicolas, tu es un grand homme, tout simplement.

 

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