Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Des humeurs et des jours

Anachroniques contemporaines

Le banc au soleil

La machine a lâché un liquide brûlant dans le gobelet en plastique. Mon chocolat à la main, je m'installe sur l'un des bancs du patio de la fac de lettres. Cet hiver a des envies de printemps. Le soleil blanc me chauffe le dos. Je fais semblant de lire le programme de travail que l'on vient de me remettre. J'ai envie de m'assoupir...

Elle s'approche de moi et me demande si je m'occupe des Masters. Je lève la tête pour lui répondre que je n'y connais pas grand-chose. Son regard m'étonne : on dirait le regard d'un petit animal pris dans un piège. Apeuré, suppliant peut-être...

Elle est petite, fine, fragile. Élégante aussi, habillée avec attention. Je remarque immédiatement le rouge qu'elle a mis aux ongles de ses orteils. Ils dépassent à peine des espadrilles à talons très hauts qu'elle porte, comme si elle voulait se grandir. Ce doit être le cas d'ailleurs. Elle est blonde, les cheveux longs, tirés en arrière. Un visage étroit, avec un long nez, légèrement busqué. Elle n'est pas jolie, mais quelque chose aimante en elle qui vous cherche, vous capte et ne vous lâche plus quand elle parle. Et elle parle vite et beaucoup. On aperçoit des incisives inhabituellement longues, parfaitement alignées et très blanches...

Je lui répète que je ne vais pas savoir la renseigner, que je peux, si elle le veut, l'accompagner au secrétariat de la fac... Elle hésite sans cesser de le fixer des yeux et me dit : "Ne me laissez pas seule."

En sortant du bureau du secrétariat, le dossier du Master sous le bras, elle me tend la main. Je lui souhaite bonne chance. Elle me répond d'un hochement de tête puis s'éloigne...

Dans le patio de la fac, je cherche mon banc au soleil. Un groupe d'étudiants s'y est installé. Ils parlent fort et rient aux éclats...

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article