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Des humeurs et des jours

Anachroniques contemporaines

Le carnet

Nicolas m’invite à déjeuner au restaurant de mon village. Il me prévient qu’il sera en retard. Je m’installe à la table, commande un verre de jurançon et me mets, à griffonner sur mon carnet…
Ecrire ? Depuis le temps que cette manie m’habite, elle est devenue une compagne secrète et obscure que j’ai toujours peine à apprivoiser… Elle est aussi troublante que les lèvres d’un baiser ou les lèvres d’une plaie…
Ecrire ? L’évidence, c’est que je veux savoir quoi faire de mes émotions. Elles m’encombrent. Alors, il me faut les mots…
Je suis séparé du monde par les mots. D’un côté, il y a les mots, de l’autre il y a les choses et le lien est incertain…
Il faut – et c’est périlleux – accepter la défaite de soi, l’érosion du moi pour que le reste puisse advenir… Oublier toutes les passions inoubliables, les sensations les plus violentes pour ne garder que la vapeur des jours et l’éclat des instants… Alors, parfois, il arrive que je puisse raconter le monde et toucher la vie vraie avec quelques mots gisant sur les pages du carnet que j’ai dessinés d’une plume maladroite…
Nicolas vient d’arriver. Il me demande ce que je bois. Je lui réponds : « Du jurançon ». Il prend la même chose. Il voit mon carnet et me demande : « Que fais-tu ? » Je replie le carnet, et je lui réponds : « Je t’attendais ».
 

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