Vous êtes morts !

Malaise et fascination hier soir, au jour 6 de mon absolu confinement… Parfois il y a la télé que je regarde d’un œil distrait, puis parfois vient la magie d’une image et l’aimantation…
Quel putain de film que celui-là ! Aimanté j’ai été.
Malaise parce que dans ce tribunal, théâtre où se joue avec une unité de lieu, d’action et de temps, avec une méticulosité troublante, la scène d’un procès, on ne juge pas un acte, une femme, mais la passion amoureuse. Et c’est perdu d’avance ! La mort est l’issue fatale à ce genre d’affaire. Et elle est au rendez-vous ! C’est une tragédie, et c’est bien ça une tragédie : la fille a raison quand elle clame son tumulte intérieur ; les avocats ont raison de caricaturer le bon et le méchant, le vrai et le faux, le bien et le mal… ; le juge à raison de juger selon les valeurs morales dominantes de la société car c’est pour ça qu’il est là… la tragédie c’est cette mécanique qui s'enchaîne inexorablement quand tous les acteurs ont scandaleusement raison. Bref, ce film est une tragédie et le malaise ressenti est considérable.
Fascination aussi… celle de l’esthétique du noir et blanc, et celle la beauté agaçante de Brigitte qui est une insulte à la médiocrité des autres. La scène finale du procès et le cri déchirant de l’accusée est un moment culte du cinéma. Inoubliable. Je le repasse en boucle.
C’était La Vérité d’Henri-Georges Clouzot avec Brigitte Bardot sur Arte hier soir. 

https://www.youtube.com/watch?v=wtfB5Ah_HDc